Réponses simples sur la polémique du cinéma français

Maintenant que la polémique initiée par le producteur Vincent Maraval s’est un peu calmée, réponses simples à questions simples.
Le cinéma français est-il subventionné ?
Faux : Les aides du Centre National du Cinéma sont abondées en majorité par des taxes sur les billets de cinéma et sur le chiffre d’affaires des diffuseurs (privés et publics). Si l’on considère qu’une taxe ciblée est un impôt, alors oui, il y a de l’argent public dans le cinéma français. Mais à hauteur de 15 % des budgets en 2011 si l’on compte le soutien automatique et sélectif du CNC, les aides régionales et les Sofica ! Ce n’est pas non plus ce que l’on peut appeler une activité subventionnée… Regardez en page 28
Les acteurs français sont-ils trop payés ?
Ça dépend : On commence à dire qu’un footballeur est trop payé quand il se met à perdre ses matchs. La fin d’année 2012 ayant vu quelques échecs de films à grosses têtes d’affiche, la polémique s’est vite lancée… Il s’agit de regarder sur le long terme la part des cachets des acteurs dans les budgets qui depuis dix ans reste à environ 11,5% des budgets des films de fiction. Regardez en page 32
Les films français sont-ils rentables ?
Non, si l’on regarde les entrées en salles : chaque année le bilan des films français sortis montre qu’en moyenne 60% d’entre eux font moins de 50 000 entrées. Mais faire 50 000 entrées quand on a coûté 1 million d’euros n’a pas le même résultat pour son producteur que quand le film a coûté 15 millions. De plus, un film se rentabilise sur tous supports (tous ceux qui participent à son financement : télévision, ventes à l’étranger, vidéo, etc…) ce qui prend quelques années. Dans ce cas, si l’on prend en compte tous les supports, 20% des films serait rentables (100% du budget ou plus de recettes finales). C’est certainement davantage si on prend en compte le fait que les budgets officiels des films français sont surévalués de 15 à 25% en moyenne.
La rentabilité des films français selon BFM TV
Plus personne ne regarde le cinéma français à la télévision ?
Faux. Les films français font moins d’audience à la télévision car il y a de plus en plus de chaines ! Donc de plus en plus de films diffusés : plus de1000 par an, dont sans doute moins de 20% d’inédits et plus d’un tiers sur la TNT gratuite où ils font de très bons scores. Donc il est illusoire d’espérer atteindre des audiences d’il y a quinze ans alors qu’aujourd’hui le nombre de chaines a été démultiplié. Picorez dans ce rapport du CNC.
Ces questions sont-elles les bonnes ?
Non. Les vraies questions, plus techniques, donc moins médiatiques, qui agitent le milieu du cinéma sont de deux ordres :
L’impossibilité de s’entendre sur une nouvelle convention collective
Tous les syndicats de techniciens, sauf un, ont signé avec un seul syndicat de producteurs une nouvelle convention collective qui implique de nouveaux salaires (à la hausse) pour les intermittents du cinéma. Reste les autres syndicats de producteurs, à l’origine de beaucoup de films à petits budgets que cette nouvelle convention collective rendra impossible à produire. Ils ont une nouvelle proposition de convention collective à proposer mais les salariés ne souhaitaient pas négocier.
Le numérique
Il y a de plus en plus de films à la télévision, de plus en plus de films vus en VOD ou piratés, ils se dématérialisent et c’est une révolution pour la profession (la mission Lescure réfléchit à ça, mais de là à ce qu’elle trouve des solutions…). Pas seulement en matière de piratage – les films français ne sont d’ailleurs pas tant que ça téléchargés – mais de chronologie des médias.

A propos valerieganne

Journaliste free lance
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