Je viens en paix

Et voilà, les ministères de la culture et du travail se sont mis d’accord… pour nommer un médiateur pour tenter de concilier producteurs et techniciens sur le thème de l’extension de la convention collective de la production cinématographique. Il s’agit de Raphaël Hadas-Lebel. A qui l’on souhaite courage et sérénité dans cette tâche. buzz-leclair-astronaute-classe-toy-story

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A couteaux tirés

Les échanges de noms d’oiseaux qui ont ouvert l’année 2013 dans le milieu du cinéma français n’étaient qu’un prélude aux affrontements de ce printemps.
En effet, la semaine dernière, les producteurs ont boycotté la commission d’agrément du CNC où ils ont lu un texte expliquant leur revendications
Les réunions de l’agrément ayant lieu chaque semaine, l’embouteillage promet d’être rapide…  De plus, les producteurs siégeant aux commissions d’aides sélectives jouent aussi la politique de la chaise vide jusqu’au 11 avril prochain : joli blocage au Centre National du Cinéma.
La colère gronde depuis plus d’un an et la raison en est compliquée : la négociation de l’extension de la convention collective des techniciens du spectacle, qui revalorise leurs salaires, est un feuilleton à rebondissements. Elle a été signée par la majorité des syndicats des techniciens avec une minorité de producteurs (les plus gros Pathé, UGC, MK2, Gaumont). Et elle vient d’être adoubée par le gouvernement (ministères de la culture et du travail). Restent sur le carreau tous les autres producteurs qui défendaient une  convention collective proposant des salaires proportionnels aux budgets des films et un syndicat, la CFDT. Selon eux 60 films par an ne vont plus pouvoir se monter dans ces nouvelles conditions si le 11 avril prochain l’extension est validée par la Commission du ministère du travail. Sans compter les délocalisations éventuelles. Une pétition circule et le milieu est encore plus divisé.
Cette division (patrons/salariés, grands groupes/petits producteurs) ne fait qu’annoncer une autre bataille où le milieu va perdre à nouveau des plumes : la renégociation du régime des intermittents du spectacle qui va débuter fin 2013.
Conclusion d’un producteur narquois : « où est le problème ? le déficit de l’assurance chômage des intermittents va se résorber de lui-même puisque le nombre de films, donc d’intermittents va chuter. Les plus pauvres vont disparaitre… »

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Réalisateurs à tous (les) prix

L’hebdomadaire professionnel Ecran Total publiait cette semaine pour la première fois son classement des rémunérations des réalisateurs des longs métrages sortis en 2012.
Puisqu’en ce moment dans le petit monde du cinéma divisé tout le monde a le nez sur les fiches de salaires (lire à ce propos le classement du Figaro des rémunérations des acteurs), les médias se sont emparés avec joie de ces chiffres et ont surtout retenu que onze réalisateurs sont payés plus de 500 000 € (sur les 121 que compte le classement). Ou que Laurent Tirard, en tête du peloton, est payé 1 M€ ce qui est beaucoup mais quand même deux fois moins que Depardieu -acteur- sur « Astérix et Obélix au service de sa majesté »… Et de titrer : « Qui touche le pactole ? » « Et les réalisateurs français les mieux payés sont… » « Un métier qui rapporte inéquitablement » pour les plus sobres.

Une moyenne ne voudrait pas dire grand chose puisque les salaires s’étalent de 1 M€ à 5000 €.  Mais un autre calcul, lui aussi intéressant et utile, permet de comparer les réalisateurs selon un autre critère : quelle proportion du budget leur salaire représente-t-il ? La moyenne est à un peu plus de 3% du budget. Donc plus un film est « riche », plus son réalisateur devrait l’être. Or ce n’est pas le cas. Si l’on classe les réalisateurs selon cet autre critère, le résultat change du tout au tout.
Et le vainqueur est Jean Becker, qui avec 900 000 euros reçus pour «Bienvenue parmi nous», représente à lui seul plus de 12% de son budget de 7,4 M€. Surprise, il est suivi par Cristian Mungiu, réalisateur roumain d’ «Au delà des collines», produit par des français depuis sa Palme d’or cannoise en 2007 : son salaire de 206 250 € représente 7% du budget de son film (2,9 M€) qui a par ailleurs obtenu à nouveau beaucoup de prix cannois l’année dernière. Autre exemple, Sébastien Lifshitz, réalisateur des « Invisibles », par ailleurs César du meilleur documentaire cette année, est aussi à 7% de son budget (très modeste, puisque de moins de 500 000 euros).
Tout à coup, le million d’euros de salaire du roi du classement Laurent Tirard, pour le tournage d’Astérix et Obélix 4 ne représente que 1,7% du budget de 61,2 M€, par ailleurs le plus élevé de l’année. Le voici passé de premier du classement en queue de train ! D’ailleurs, parmi les réalisateurs au salaire modeste par rapport à leur budget, on ne compte pas que des réalisateurs de premiers films, mais aussi Frédéric Beigbeder, Marc Fitoussi, Xavier Giannoli, qui sont tous à moins de 1,5% de leur budget…
En conclusion, que ce soit au cinéma ou ailleurs, les chiffres sont parlants, à condition de les tourner dans tous les sens.

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Le cinéma français est-il un malade imaginaire ?

C’est dans le décor du « Malade imaginaire » du Théâtre Ephémère de la Comédie Française que s’est réunie hier la Grande Famille du cinéma français pour ses Assises. Un terme un peu pompeux pour une petite après midi de débats surtout constitués de monologues devant un public un rien clairsemé. Il faut cependant rendre hommage aux intervenants – de qualité – des trois tables rondes de ne pas avoir pratiqué la politique de la chaise vide, Vincent Maraval (Wild Bunch) en tête. « Le CNC a senti son système attaqué, c’est son opération de communication » rappelait en coulisse ce dernier. Mais en pratique, le CNC n’a pas eu le choix puisque ce rendez-vous lui a été demandé par la Ministre de la culture, qui a d’ailleurs clôturé la journée par un discours appelant à la cohésion de notre « village gaulois » du cinéma.

Merci Kaka (dans le Film Français)

Merci Kak (dans le Film Français)

Même si trois débats aux thèmes précis étaient prévus (concentration/diversité, films du milieu, premiers films) aucun n’a vraiment traité de son sujet, à l’exception du débat du milieu sur les films du milieu (de 4 à 7 M€ de budget). Mais sinon, chacun a préféré parler de son nombril : distributeur, producteur, réalisateur soulignent tous qu’ils prennent des risques importants à chaque film. Et tout le monde est d’accord sur le fait qu’il faut produire beaucoup de films en France et sur la hausse globale des coûts. Comme le résumait le cinéaste Costa Gavras, ouvrant les débats : « Le problème du cinéma c’est l’argent ». Ce à quoi répondait une heure plus tard Didier Duverger (banquier du cinéma à Coficiné) : « Je suis déçu, je suis venu pour entendre parler d’argent et ça n’a pas été le cas, sans doute parce que ça fâche ».
On peut pourtant retirer de cette après midi quelques chiffres intéressants : le CNC a rappelé que les rôles principaux ne pèsent pas davantage sur le budget des films qu’il y a dix ans (lien dans mon post précédent), mais aussi que les films français qui réalisent moins de 50 000 entrées en salles (43% en 2011) étaient aussi voire plus nombreux il y a vingt ans (60% en 1992 !). Manuel Alduy, big boss du cinéma à Canal+, a expliqué de son côté que si la chaîne cryptée préachète toujours autant de films depuis dix ans, le nombre de projets reçus a été multiplié par 3. « Forcément ça fait beaucoup plus de mécontents ». Mais ce qui agite vraiment la profession en ce moment, c’est la négociation de la nouvelle convention collective qui s’est invitée dans le débat (les syndicats de techniciens présents dans la salle ont distribué des tracts à l’entrée et n’ont pas manqué de prendre la parole dès que possible). Les représentants des exploitants eux, n’étaient pas là, et c’est dommage, car le nœud actuel est vraiment la distribution des films en salles en France. Il y a 5 ans, le Club des Treize, mené par la réalisatrice Pascale Ferran, réfléchissait à la situation du cinéma français avec intelligence : en mêlant toutes les professions (du scénariste à l’exploitant), en se réunissant régulièrement mais pas en public. Un rapport assorti de propositions a été publié seulement lorsque tout le monde est tombé d’accord. Et aucun ministre à l’époque n’avait demandé à ces professionnels de se pencher sur la question. La moitié de ces propositions (celles concernant le volet distribution et exploitation) est restée lettre morte. Or c’est cet échelon qui souffre en ce moment : si on s’y penchait à nouveau ? Mais mercredi après midi, tout le monde préférait se tourner vers Pierre Lescure, devenu le sauveur potentiel du cinéma français (sa mission rendra ses conclusions en mars prochain)….

Le 23 janvier au Théâtre éphémère

Le 23 janvier au Théâtre éphémère

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Réponses simples sur la polémique du cinéma français

Maintenant que la polémique initiée par le producteur Vincent Maraval s’est un peu calmée, réponses simples à questions simples.
Le cinéma français est-il subventionné ?
Faux : Les aides du Centre National du Cinéma sont abondées en majorité par des taxes sur les billets de cinéma et sur le chiffre d’affaires des diffuseurs (privés et publics). Si l’on considère qu’une taxe ciblée est un impôt, alors oui, il y a de l’argent public dans le cinéma français. Mais à hauteur de 15 % des budgets en 2011 si l’on compte le soutien automatique et sélectif du CNC, les aides régionales et les Sofica ! Ce n’est pas non plus ce que l’on peut appeler une activité subventionnée… Regardez en page 28
Les acteurs français sont-ils trop payés ?
Ça dépend : On commence à dire qu’un footballeur est trop payé quand il se met à perdre ses matchs. La fin d’année 2012 ayant vu quelques échecs de films à grosses têtes d’affiche, la polémique s’est vite lancée… Il s’agit de regarder sur le long terme la part des cachets des acteurs dans les budgets qui depuis dix ans reste à environ 11,5% des budgets des films de fiction. Regardez en page 32
Les films français sont-ils rentables ?
Non, si l’on regarde les entrées en salles : chaque année le bilan des films français sortis montre qu’en moyenne 60% d’entre eux font moins de 50 000 entrées. Mais faire 50 000 entrées quand on a coûté 1 million d’euros n’a pas le même résultat pour son producteur que quand le film a coûté 15 millions. De plus, un film se rentabilise sur tous supports (tous ceux qui participent à son financement : télévision, ventes à l’étranger, vidéo, etc…) ce qui prend quelques années. Dans ce cas, si l’on prend en compte tous les supports, 20% des films serait rentables (100% du budget ou plus de recettes finales). C’est certainement davantage si on prend en compte le fait que les budgets officiels des films français sont surévalués de 15 à 25% en moyenne.
La rentabilité des films français selon BFM TV
Plus personne ne regarde le cinéma français à la télévision ?
Faux. Les films français font moins d’audience à la télévision car il y a de plus en plus de chaines ! Donc de plus en plus de films diffusés : plus de1000 par an, dont sans doute moins de 20% d’inédits et plus d’un tiers sur la TNT gratuite où ils font de très bons scores. Donc il est illusoire d’espérer atteindre des audiences d’il y a quinze ans alors qu’aujourd’hui le nombre de chaines a été démultiplié. Picorez dans ce rapport du CNC.
Ces questions sont-elles les bonnes ?
Non. Les vraies questions, plus techniques, donc moins médiatiques, qui agitent le milieu du cinéma sont de deux ordres :
L’impossibilité de s’entendre sur une nouvelle convention collective
Tous les syndicats de techniciens, sauf un, ont signé avec un seul syndicat de producteurs une nouvelle convention collective qui implique de nouveaux salaires (à la hausse) pour les intermittents du cinéma. Reste les autres syndicats de producteurs, à l’origine de beaucoup de films à petits budgets que cette nouvelle convention collective rendra impossible à produire. Ils ont une nouvelle proposition de convention collective à proposer mais les salariés ne souhaitaient pas négocier.
Le numérique
Il y a de plus en plus de films à la télévision, de plus en plus de films vus en VOD ou piratés, ils se dématérialisent et c’est une révolution pour la profession (la mission Lescure réfléchit à ça, mais de là à ce qu’elle trouve des solutions…). Pas seulement en matière de piratage – les films français ne sont d’ailleurs pas tant que ça téléchargés – mais de chronologie des médias.

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I love your génériques !

Vous êtes dans une salle de cinéma. Le film commence (enfin). Les noms apparaissent. Et soudain vous vous demandez  : « Mais pourquoi le type qui a créé ce super générique du début n’est-il pas crédité au générique du début » ?
Si vous vous posez cette question, c’est que le générique est très bien fait, ce qui arrive de plus en plus souvent : pour en citer de récents français, souvenez-vous de la chute au ralenti de liquides, d’objets, de chat (!) de Camille redouble, des noms scintillants et dansants de Tournée, du ton résolument rétro du split screen d’Oss 117 Rio ne répond plus… Mais pourquoi donc est-il si difficile de mettre un nom sur ces gens qui font de l’art avec le nom des gens ?
La manifestation Parisfx, rendez-vous des créateurs numériques, a eu la bonne idée de proposer au cours de sa sixième édition une table ronde sur ce thème lundi 26 novembre dernier. La crème des « sans noms au service des noms » était là : Kook Ewo (auteur des génériques de Silent Hill 1 et 2), Eric Brocherie (tous les génériques des films de Klapisch), Olivier Marquézy (Catch me if you can, Tournée, Camille redouble), Laurent Brett (The Artist, Intouchables) et le duo de Moustache (Olivier Patté et Hugo Ramirez qui ont réalisé les génériques de Renaissance et du Prénom).

Ceux qui font le générique en France, invités à Parisfx.

Une heure de discussion a permis d’apprendre que ces créateurs sont le plus souvent des autodidactes mal payés (rares sont ceux qui, comme Laurent Brett, peuvent en vivre) qui doivent réaliser de petits miracles en un temps record (ils sont sollicités au dernier moment quand le porte-monnaie du film est vide). « Nous sommes les minutes les moins chères du film » rappelle Eric Brocherie…. à l’exception peut-être du générique de fin. Laurent Brett raconte en riant qu’il a tourné le générique d’Il reste du jambon dans son frigo, quand Kook Ewo a utilisé des lettres en polystyrène surgissant d’une piscine de lait pour Errors (of the human body) : petits moyens pour grands effets !
Le générique a ses fans, de plus en plus nombreux, encouragés par le développement d’Internet où l’on peut traquer, échanger, montrer ses favoris : en France ils sont fédérés par l’association We love our names, dont la fondatrice Laure Chapalain, animait la table ronde de Parisfx.  We love your names avait d’ailleurs organisé le soir même une projection de deux heures de génériques qui a vite fait le plein de spectateurs…
Donc, la situation s’améliore, comme le soulignait LE spécialiste du générique en France, Alexandre Tylski, qui a écrit sa thèse et publié trois livres sur le sujet. « Le générique fait partie de notre inconscient collectif : il existe de véritables collectionneurs grâce à internet, un documentaire sur Canal+ et deux émissions de radio y ont été consacrées récemment. Et l’école française est de haut niveau : à quand un César du générique ? » Car si le générique a ses stars, ce sont encore surtout des américains, comme Saul Bass partenaire de Kubrick, Hitchcock et Scorsese ; ou Kyle Cooper qui a créé le générique de Seven devenu pour certains une sorte de mètre étalon du genre et travaillé sur des séries comme The walking dead et American Horror story. La domination américaine du générique est née aussi de cela : le succès des séries dans le monde entier. Car le générique de série, devenu un genre en soi, a intérêt à être réussi puisque le spectateur va le regarder des dizaine de fois ! Et à propos, qui a réalisé le générique d’Ainsi soient-ils et des Revenants ?

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Après le désert, les embouteillages

Une bien bonne idée (par l’excellent Martin Vidberg, le 4 septembre dernier)

Vive la rentrée

En cinéma c’est comme en littérature… ou presque. Non les 600 films de l’année ne sortent pas tous en septembre. Mais il y a de terribles embouteillages et de désertiques périodes creuses : en fait une big période creuse, j’ai nommé l’été. Les sorties de films français deviennent rares du 15 juillet au 15 août… Résultat : un boulevard pour les américains, un genre de Champs Elysées en août au petit matin. Cet été comme d’habitude  les popcorn movies ont donc fait carton plein dans les salles françaises : Disney a choisi début août pour lancer sa Rebelle qui frôle maintenant les 3 millions de spectateurs, Warner le 25 juillet pour son Dark knight – et hop 4,5 millions d’entrées. Même de vieilles suites réchauffées comme Sexy Dance 4 (le 8 août), le remake Total recall mémoires programmées (15 août), ou Expendables 2 (le 22 août) se régalent. Stallone et ses amis sont en tête depuis plus de trois semaines… Et puis on peut forcer sur le nombre de copies, il y avait de la place dans les salles.

Les frenchies ont plusieurs stratégies. La première c’est le film d’auteur, si possible précédé de bonnes critiques et d’une exposition cannoise. Par exemple le distributeur d’Holy Motors de Carax a parié pour une sortie le 4 juillet, mais ce beau film ténébreux n’a pas tout à fait réussi son coup : 160 000 entrées c’est honorable mais pas assez pour se refaire une réputation. A l’autre bout de l’été, A perdre la raison de Joachim Lafosse – lui aussi porté par un bouche à oreille cannois, et lui aussi très réussi – a tenté la date du 22 août mais s’en sort à peine mieux et vogue vers le même score.  Seconde stratégie, quand on est un auteur un peu inconnu au film sans emballement critique ou festivalier,  on tente l’été : ainsi Au cas où je n’aurai pas la palme d’or de Renaud Cohen (sorti le 8 août), Comme un homme de Safy Nebbou (le 15 août), ou Du vent dans mes mollets de Carine Tardieu (22 août). Mais c’est quitte ou double. Les deux hommes ont subi la violence du verdict des salles (606 entrées pour le premier, 30 000 pour le second) quand la réalisatrice y a gagné le titre de « talent à suivre » et 300 000 spectateurs. Troisième stratégie, miser sur une tête de casting alléchante : choix d’Anne le Ny avec Cornouaille le 15 août, et Sylvie Verheyde avec Confession d’un enfant du siècle, plus prudemment le 29 août. Vanessa Paradis a tiré son épingle du jeu (250 000 entrées), mieux que Charlotte Gainsbourg et Peter Doherty (dix fois moins de spectateurs). Le joli faux couple n’a pas réussi à mobiliser les foules, pourtant en grande partie rentrées de vacances.

Face aux grosses machines américaines, on peut tenter la contre programmation mais… peut-être faut-il raisonner bêtement. Et si l’été, le spectateur n’avait simplement pas envie de se prendre la tête ? Il va voir les Kaïras sorti le 11 juillet, qui a fait tout son petit bonhomme de chemin en salles pour doucement mais surement aller au million de spectateurs aujourd’hui. Mais ce fut sans doute aussi le raisonnement des distributeurs de Cendrillon au Far west, un dessin animé français (si si)… sorti le 25 juillet (oui oui)… et qui a été vu par.. pas grand monde.

Et maintenant  on fait quoi ? Comme sur les Champs Elysées, retour à l’embouteillage : 15 films cette semaine, et autant tendance davantage pour les deux à venir. Carambolage français prévu avec Les Seigneurs d’Olivier Dahan le 26 septembre (carton annoncé), puis  Kirikou le 3 octobre et Asterix et Obélix au service de sa majesté le 17 octobre. Entre autres…

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Courts métrages : c’est qui la relève ?

C’est bien beau le César du court métrage, mais ça ne donne pas forcément une idée très claire de qui formera la relève des cinéastes de demain, de ceux qui rempliront les salles, qui iront faire les beaux sur la Croisette ou les deux à la fois. Heureusement depuis 15 ans, une bande de fanas du format court organise les Lutins du court métrage. C’est comme les César : il y a une catégorie meilleur film, acteur, actrice, mais aussi meilleurs costumes, décor, son, photo (ceux qu’on expédie aux César vite fait en début de cérémonie ) etc… Et même un Lutin du public. Mais pas encore de Lutin du jeune espoir ou du premier court métrage, faut pas pousser.

Tout ça pour dire que cette année, le lutin du meilleur court métrage a été attribué à…. Guillaume Brac pour Un monde sans femmes. C’est une bonne nouvelle parce que, bien que nommé aux César, il n’avait pas obtenu la courte statuette (au bénéfice de L’accordeur d’Olivier Treiner, qui a remporté lui aussi beaucoup de petits Lutins lundi dernier). Guillaume Brac a déjà connu le succès en salles en sortant un programme de deux de ses « courts » (entre guillemets car il ne manque que deux minutes à Un monde sans femmes pour devenir un long métrage), et la critique voit en lui une sorte de fils spirituel de Rozier et Rohmer. Edouard Weil (le producteur de Valérie Donzelli et Xavier Gianolli) suivrait maintenant ses premiers pas dans le long métrage.
A noter aussi dans le palmarès de cette année deux noms à retenir : tout d’abord Sophie Letourneur, qui avait signé un long loufoque (Ma vie au ranch) et qui refait un petit tour par le court avec Le marin masqué, tout en noir et blanc et voix off décalée. La critique voit en elle une sorte de fille spirituelle de Rozier et… Eustache cette fois. Ensuite Vincent Macaigne est l’acteur fétiche de Guillaume Brac (il joue dans ses deux courts, et a reçu le Lutin du meilleur acteur) quand il ne lui fait pas des infidélités avec Louis Garrel. Mais il est aussi et avant tout un metteur en scène de théâtre talentueux, et le réalisateur du grand prix du festival de Clermont Ferrand 2012 : Ce qu’il restera de nous.

Quelque 620 courts métrages sont réalisés chaque année, 68% des réalisateurs ont entre 20 et 40 ans. Les trois partenaires financiers les plus importants pour ce format sont le CNC, suivi des régions et des chaînes de télévision. Les salles du festival de court métrage de Clermont Ferrand sont bondées (plus de 150 000 spectateurs cette année), le CNC organise un « Jour le plus court » dans toute la France le 21 décembre depuis l’année dernière. Bref, jusqu’ici tout va (très) bien.

Voilà le Palmarès complet (je ne sais pas pourquoi je ne parviens pas à insérer des liens ce soir), ou allez sur leslutins.com

PALMARÈS DE LA 15ème NUIT DES LUTINS
Palmarès 2012

LE LUTIN DU MEILLEUR FILM 
Est attribué à : UN MONDE SANS FEMMES de Guillaume BRAC 
Représentés par G. BRAC, S. DEMOUSTIER, M. HAFFAR, 
N. NONON, E. MICHAKA 
Pour Année Zéro / Nonon Films

LE LUTIN DU PUBLIC 
Est attribué à : JE POURRAIS ÊTRE VOTRE GRAND-MERE de Bernard TANGUY 
Représenté par : Benoît BLANCHARD et Bernard TANGUY Rézina Productions

LE LUTIN DU MEILLEUR FILM D’ANIMATION 
Est attribué à : RUBIKA _ De C. BAUDEAN, L. HABAS, M. KREBS, J. LEGAY, C. MA, 
F. ROUSSEAU, C. ROUX, M. VAXELAIRE 
Produit par L. DURET et S. LALOU – Les Films d’Ici

LE LUTIN DU MEILLEUR FILM DOCUMENTAIRE 
Est attribué à : CHAQUE JOUR ET DEMAIN 
De Fabrice MAIN _ Produit par Anthony DONCQUE – TS Productions

LE LUTIN DE LA MEILLEURE REALISATION 
Est attribué à : Olivier TREINER 
Pour L’ACCORDEUR

LE LUTIN DU MEILLEUR SCENARIO 
Est attribué à : Olivier TREINER 
Pour L’ACCORDEUR

LE LUTIN DU MEILLEUR MONTAGE 
Est attribué à : Arnaud DES PALLIERES 
Pour DIANE WELLINGTON

LE LUTIN DE LA MEILLEURE PHOTO 
Est attribué à : Julien ROUX 
Pour L’ACCORDEUR

LE LUTIN DE LA MEILLEURE ACTRICE 
Est attribué à : Vimala PONS 
Pour J’AURAIS PU ÊTRE UNE PUTE

LE LUTIN DU MEILLEUR ACTEUR 
Est attribué à : Vincent MACAIGNE 
Pour UN MONDE SANS FEMMES

LE LUTIN DES MEILLEURS DECORS 
Est attribué à : Marie LE GARREC 
Pour ANNE ET LES TREMBLEMENTS

LE LUTIN DU MEILLEUR SON (ex-aequo) 
Est attribué à : Julien PEREZ et Nicolas WASCHKOWSKI 
Pour L’ACCORDEUR 
Et : Laure ARTO et Carole VERNER 
Pour LE MARIN MASQUE

LE LUTIN DE LA MEILLEURE MUSIQUE 
Est attribué à : Martin WHEELER 
Pour DIANE WELLINGTON

LE LUTIN DES MEILLEURS EFFETS SPECIAUX (ex-aequo) 
Est attribué à : Yannig WILLMANN 
Pour COLOSCOPIA et LE MARIN MASQUE

LE LUTIN DES MEILLEURS COSTUMES 
Est attribué à : Aurélie KERBIQUET 
Pour COLOSCOPIA

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Scandale : les jurys cannois sont manipulés par Jean Labadie depuis 25 ans !

Retour tardif sur une polémique récente : dès le dimanche 27 mai au soir à l’annonce du palmarès du dernier festival de Cannes, la rumeur enflait de Twitter au Net en passant par la radio (France Inter) pour atterrir dans la presse (Le Monde et Le Film Français). Le jury présidé par Nanni Moretti était sous influence, puisque quatre des six films primés ont pour point commun la société Le Pacte, qui en était coproducteur et/ou distributeur (Reality de Matteo Garrone, La part des anges de Ken Loach, Au-delà des collines de Cristian Mungiu, et Post Tenebras Lux de Carlos Reygadas).

Or, Le Pacte est justement le coproducteur et distributeur français du précédent film de Nanni Moretti, Habemus Papam, sélectionné à Cannes en 2011. Et on pourrait ajouter que Matteo Garrone a aussi été le chef opérateur de Moretti sur Le Caïman. Bref, scandale.

Mais parfois un simple regard en arrière suffit à nuancer des avis hâtifs. Le Pacte est une société de distribution et de production créée par Jean Labadie en décembre 2007, mais elle n’est pas apparue du néant : car vingt ans auparavant, en 1986, ce même Labadie est à l’origine de Bac Films, vite devenu le premier distributeur indépendant français. Il a connu des déboires financiers et le rachat de Bac par Millimages (2003), avant d’être évincé et de partir monter à nouveau sa propre structure, ce qui nous ramène à 2007. L’année même où le premier film de Cristian Mungiu, que Bac distribuait en France, obtenait la Palme d’or… Car, oui, Bac Films est bien le distributeur et coproducteur « historique » de Moretti – qui a suivi Labadie quand il a créé sa nouvelle structure-, mais aussi de quinze films ayant obtenu la Palme ou le Grand prix du Jury à Cannes en vingt ans. Parmi eux, huit Palmes d’or, dont au début une reçue chaque année (une sorte de Quinté + de la Palme, qui a assuré sa réputation de fin limier pour quelques siècles) : Sailor et Lula en 1990, Barton Fink en 1991, Les meilleures intentions en 1992, La leçon de piano en 1993, Pulp Fiction en 1994  puis… La chambre du fils (et oui, de Nanni Moretti) en 2001, Le pianiste en 2002, et enfin Quatre mois, 3 semaines, 2 jours en 2007.

Neuf jurys du festival de Cannes et leurs présidents auraient donc été manipulés par le puissant Jean Labadie, année après année ? Plus sérieusement, le créateur du Pacte a du nez pour choisir ses films, et il est connu pour ne jamais lâcher le réalisateur qu’il « veut » jusqu’à obtenir son accord. On peut aussi se souvenir que c’est lui qui a fait connaitre en France Theo Angelopoulos, Jim Jarmush ou James Gray.

Alors oui le palmarès 2012 a déçu, et plus particulièrement les journalistes français à cause de l’absence de Holy Motors de Léos Carax, réalisateur d’autant plus aimé qu’il sort élégamment de treize ans de purgatoire. Rappelons que le distributeur français d’Holy Motors est Les Films du Losange. Qui est le producteur des films d’Haneke, et donc de la Palme d’or de cette année, Amour. Le cinéma français est une grande famille et un petit monde.

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César : pourquoi Polisse bat des records ?

La conférence de presse de l’Académie des César avait lieu ce vendredi matin pour présenter les nominés de l’année : avec 13 nominations, le film Polisse de Maïwenn bat des records. Pourquoi ? D’abord parce que c’est un bon film, même Claude Guéant en convenait (compliment délicat à recevoir, on en convient…). Donc deux nominations dans la catégorie meilleur film et meilleure réalisatrice, ça c’est fait. Ensuite, ce que les professionnels soulignent (car les César sont un vote des professionnels de la profession), c’est que Maïwenn Le Besco, elle-même actrice, a offert toute une palette de rôles marquants à un beau bouquet d’acteurs. Grâce à elle il n’y a plus de seconds rôles, que des super comédiens dans une super histoire. Sept des nominations de Polisse sur treize sont pour les acteurs du film : souvenez-vous de Marina Foïs et Karin Viard dans la plus belle scène de crêpage de chignon/dis moi tes quatre vérités de l’année, de Karole Rocher et Nicolas Duvauchelle réussissant un bien joli amour platonique sans être mièvres, de Joey Starr atteignant des sommets de douceur sous le regard de la réalisatrice. Quant à Frédéric Pierrot, qui joue aussi dans La Guerre est déclarée, c’est pour Polisse qu’il est nommé, après tout, il est chef de brigade. Et pour couronner le tout,  Naidra Ayadi, a elle aussi sa scène mémorable, quand elle sort de son calme pour étriller un père qui voile et viole sa fille, qui lui vaut de faire partie des révélations féminines de l’année.  Bien sur il y a des oubliés, après tout la Brigade de protection des mineurs de Polisse compte au moins dix personnages marquants. Emmanuelle Bercot, la Sue Ellen homo du groupe ? Elle est là, puisqu’elle a aussi participé au scénario du film, pour lequel elle est nominée aux côtés de Maïwenn. Jérémy Elkaïm ? le petit flic qui parle bien et s’en vante ? Il est nominé aux côtés de son ex Valérie Donzelli pour le scénario de La Guerre est déclarée, c’est la classe. Et puis, à propos de La Guerre est déclarée, vous avez remarqué, les nominés pour le César du meilleur film (à part Intouchables) étaient tous présentés à Cannes en mai 2011, en sélection officielle ou non.
Le Dernier métro de François Truffaut est le film qui a remporté le plus de statuettes en 1981 (douze). Alors que nous préparent les professionnels de la profession pour Polisse ? Pas fastoches les pronostics cette année, parce que La guerre est déclarée et L’exercice de l’Etat sont des concurrents de poids. Réponse le 24 février au soir.

L’intégralité des nominations sur le site officiel de l’Académie des César

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